L’aviateur culte du Journal de Tintin arrive en intégrale !
C'est en décembre 1967 que Christian Godard présente sa nouvelle création aux lecteurs du Journal Tintin. À l’époque, le célèbre hebdomadaire est encore pétri du classicisme souhaité par ses pères fondateurs: ligne claire, dessin réaliste et aventures édifiantes sont toujours à l’honneur. Mais Greg, qui en assure la rédaction en chef depuis deux ans déjà, sait qu’il faut faire bouger les lignes, faire souffler une brise de fantaisie sur cet océan de réalisme. Aussi accepte-t-il avec joie la proposition de son «alter ego parisien», lorsque Godard lui propose cette série qui, d’emblée, s’inscrit en marge de tous les codes du genre.
Bien vite, le flegmatique pilote d’avion-taxi rejoint les Michel Vaillant et autres Bruno Brazil dans les hauteurs des référendums. Sans jamais chercher à leur ressembler. Martin Milan est un anti-héros et fier de l’être, un ancien cancre qui a choisi de vivre ses rêves d’aviation en toute liberté. Pas question, pour lui, de rejoindre l’armée ou même une quelconque compagnie civile. Indépendant avant tout, il rachète une vieille carlingue et la retape tant bien que mal – « Le Vieux Pélican » restera d’ailleurs un insondable gouffre financier. La plupart de ses confrères partent à l’aventure par noblesse d’âme ou goût du défi ; Martin Milan cherche avant tout à gagner sa croûte, au jour le jour.
Et c’est bel et bien cette humanité qui va fonder son succès. Ses aventures ne ressemblent à aucune autre. L’argent y est toujours un moteur central, et si l’humour est présent, il cède souvent le pas à une émotion authentique, encore rare à une époque où la plupart des héros restent esclaves d’une injonction à l’exemplarité. C’est que, des premières histoires courtes aux albums complets – lesquels respectent rarement les contraintes classiques de pagination – Martin Milan reste un personnage libre.