À l'occasion de la sortie du nouvel album de la série Yakari, scénarisé par Xavier Giacometti, retrouvez une interview exclusive du dessinateur Derib !
53 ans et 41 albums plus tard, on pourrait penser qu’une certaine lassitude viendrait à poindre sous le crayon et la plume de Derib. Il n’en n’est rien. Au contraire ! C’est « en famille » qu’il a conçu ce Fils de l’Aigle, véritable retour aux sources d’un personnage qui enchante toujours autant son créateur.
Vous avez co-signé ce nouvel album avec un scénariste inconnu du 9e Art, Xavier Giacometti.
C’est effectivement son premier album de bande dessinée, mais il connaît parfaitement le monde de Yakari et des indiens puisque cela fait 15 ans qu’on travaille ensemble sur la série animée, puis le long métrage. Petit à petit, Xavier est devenu un ami. Et, quand on m’a
proposé de faire un album inédit, c’est Job qui a suggéré que je travaille avec lui.
Il est venu à la maison. On s’est raconté l’histoire en deux jours, avec l’aide de mon fils Arnaud. Il m’a envoyé une colonne vertébrale puis j’ai fait découpage et dialogues, que je lui ai laissé toute latitude de modifier sur la base des crayonnés. Et puis on a inscrit ce nouvel album dans la lignée du film. Le décor des « Serres de l’aigle » y est présent, par exemple. Tilleul, Oreilles Tombantes et Arc en Ciel aussi. Xavier était très heureux de suivre tout ce développement. On baignait dans une source d’inspiration commune qui a rendu le travail très agréable. Ça m’a rappelé les premiers temps de Yakari, avec plein d’aventure.
Et il est vrai que ce nouvel album est un peu écrit comme un épisode d’animation, au rythme soutenu et aux péripéties incessantes.
Oui, il y a beaucoup de rebondissements. Il faut toujours qu’il se passe quelque chose. Dans Johan & Pirlouit, c’est comme ça. Hergé aussi était un maître à ce niveau-là. Il ne faut pas qu’on s’ennuie. J’ai toujours été très axé sur les découpages. Je me suis vraiment fait plaisir avec des pages éclatées, des mouvements de caméra plus audacieux. Le but, pourtant, reste toujours le même : ajouter quelque chose à chaque page. C’est un défi permanent. Je persiste et je signe !
Ce qui est impressionnant, c’est que vous continuez d’avancer tout en restant très fidèle aux valeurs de la série : l’entraide, le respect de la nature…
C’est toujours ce qu’on a défendu. C’est ce qui m’enthousiasme le plus, ces valeurs humaines. Moi, je considère que la BD poético-humoristique est faite pour amuser les lecteurs. Et pour ça il faut que je m’amuse. Et je crois que mon plaisir est visible à chaque page. Je suis ravi du résultat. Et j’espère que le succès sera au rendez-vous, grâce à tout le bruit autour du film. Nous, en tout cas, on en est tous très contents.
Yakari est un personnage créé par Job et Derib.