Parce qu'on ne se lasse pas de discuter avec Bénédicte Moret, autrice de ZE journal de la Famille (presque) Zéro Déchet, on lui a posé quelques questions sur sa manière d'appréhender la BD, et comment elle en est venue au zéro déchet !
Et si vous voulez en apprendre plus sur sa démarche, n'hésitez pas à découvrir nos capsules vidéos ici !
Bénédicte, tu viens au Lombard pour éditer une BD sur la famille presque Zéro Déchet. Comment en es-tu arrivée là ?
Avec mon mari, on travaillait depuis les années 2000 dans des associations environnementales. On a bossé notamment avec une association qui s’appelle Mountain Riders et avec qui, tous les ans, on partait ramasser les déchets sous les télésièges. Et chaque année, on trouvait autant, si ce n’est plus, de déchets. On trouvait ça aberrant, et en y réfléchissant bien, on s’est rendu compte que la solution n’était pas de trier ni de recycler, mais d’arrêter de produire des déchets ! On a donc choisi de réduire à la source, car finalement, le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas !
C’est pour cela qu'en 2013, nous avons décidé de lier les gestes à la parole et d’oeuvrer à ce pour quoi on se battait depuis le début. Nous voulions savoir pourquoi on continuait malgré tout à avoir une poubelle par semaine et s’il était possible de ne plus en avoir du tout ! Nous nous sommes lancés dans cette folle aventure que nous avons choisi de vivre comme un jeu, une belle aventure familiale. Nous avons lancé un blog décrivant nos étapes de progression et nos remises en question. Jérémie à l’écriture et moi au dessin parce que c’est mon métier, et que j’adore ça ! On l’a fait comme on est, avec les gros mots, avec les fautes d’orthographe, la totale, et on s’est bien marré ! Voilà, c’est comme ça que notre aventure a commencé.
Est-ce que c’est facile de commencer ?
C’est facile de commencer, ce qui l’est moins c’est de garder sa progression et de trouver son rythme pour l’avenir. Il est important dans cette démarche de ne pas aller trop vite. Souvent, les gens sont trop pressés et voudraient ne plus avoir de déchets du jour au lendemain, mais ça ne fonctionne pas comme ça.
Nous, on a mis trois ans pour arriver à ne produire plus qu’un litre de déchets par an, pour une famille de quatre. Trois ans, c’est rapide, mais ça reste quand même lent. Pour que le changement soit durable, il faut qu’il soit progressif.
L’humour aide ? De voir cela comme un jeu ?
On a hésité, entre être rébarbatif, austère, et faire la morale à tout le monde… Finalement, on s’est dit que l’humour ça passerait mieux !
Plus sérieusement, on apprend mieux en rigolant. On avait l’expérience, dans notre parcours associatif de gens très virulents, moralisateurs… Leurs valeurs étaient pourtant nobles et justes, mais le côté un peu trop « chiant » ne donne pas vraiment envie ! Il faut rendre l’écologie sexy ! Si tu veux vendre un produit, quel qu’il soit, même si c’est une cause, il faut qu’il donne envie, qu’il attire et rien de mieux que l’humour pour donner envie de s’y mettre.
C’est ce qu’on a fait avec Mountain Riders, on a développé toute l’image de l’asso, on a créé des personnages fun et une charte colorée. On a même créé un costume de mégot pour aller skier sur les pistes pour sensibiliser les fumeurs à ne pas jeter leurs mégots dans la neige. Les gens rigolaient, et du coup, ils avaient envie de nous suivre. Quand on ne leur tape pas sur les doigts, le message passe mieux.
Cet humour, c'est compatible avec la bande dessinée ?
Carrément ! Franchement, je connais peu de gens qui ne lisent pas de bande dessinée, ou qui n’aiment pas ça. Et même pour ceux qui n’aiment pas spécialement lire, la BD permet un accès plus facile grâce à l’image. Cela t’apporte un côté ludique qui renforce la puissance du message. Et c’est parfait.
Quelle est ton anecdote favorite issue de la BD ?
Dur… il y en a plein que j’aime bien, ça me rappelle de bons souvenirs !
Mais le gag que je préfère, c’est celui avec les chats. On explique, avec Jérémie, qu’on doit tous s’y mettre et que le Zéro déchet c’est possible. Mais on ne voit pas à qui on parle. On pense d’emblée que l’on s’adresse aux enfants, mais en fait, on parle à Michel et Pascal, nos deux chats, qui sont plutôt contre le Zéro Déchet que l’inverse ! Bref, ça n’est pas vraiment arrivé, mais ça m’a bien fait marrer de le dessiner.