D'abord coloriste, Chantal De Spiegeleer donne rapidement la mesure complète de son immense talent graphique. En 1988, elle publie, au Lombard, le premier tome de « Madila ». Au fil des pages de cette série, à nulle autre semblable, elle marie les univers de la mode, du cinéma, et de la bande dessinée. Sa somptueuse ligne claire, ses narratifs ciselés et ses couleurs élégantes la singularisent immédiatement, et nombreux sont les lecteurs qui viendront se perdre dans les rues, les plages et les salons huppés de la ville imaginaire de Chantal de Spiegeleer. Elle retourne ensuite aux couleurs, pour son mari, René Sterne, dont elle illumine les planches, sur « Adler » puis « Blake et Mortimer » – dont elle reprend le dessin à la moitié de l'album « La malédiction des 30 deniers », pour pailler à la disparition de son regretté compagnon. Un dernier adieu, pour lequel elle met entre parenthèses « Eclipse », un nouveau projet co-signé avec le plasticien Juan d'Oultremont. Venue des arts primitifs, son influence majeure, Chantal de Spiegeleer intègre désormais le numérique à son travail, et n'a pas fini de nous surprendre !

Photographie © Le Lombard / D.R