Auteur
Franz
Scénariste et Dessinateur
Né à Charleroi (Belgique) le 11 juin 1948 et décédé, en France, le 8 janvier 2003, Franz Drappier avait étudié les Arts plastiques à l'Institut Saint-Luc de Bruxelles, puis avait fréquenté l'Académie des Beaux-Arts de Mons.
En 1969, après avoir collaboré à divers supports comme illustrateur, il avait fait ses véritables débuts dans la BD en mettant en images quelques courtes histoires pour les journaux «Spirou» et «Tintin». Associé à plusieurs scénaristes, il s'était ensuite révélé l'un des dessinateurs les plus doués et les plus originaux de sa génération en donnant vie à des personnages faisant aujourd'hui partie des classiques de la BD : «Korrigan» (sc.: Vicq) dans «Tintin» en 1971, «Christopher» (sc.: Y. Duval) dans «Le Soir Jeunesse» en 1972 et «San-Antonio» (sc.: P. Dard d'après F. Dard) pour les éditions Fleuve Noir en 1973.
Dès 1975, Franz était devenu l'un des dessinateurs emblématiques du renouveau du journal «Tintin». Il fut alors l'incomparable metteur en images de séries mémorables telles que «Mandrin» (sc.: Vicq), «Hypérion» (sc.: A.-P. Duchâteau) et «Jugurtha» (sc.: J.-L. Vernal).
La plénitude des talents de Franz ne se mesurait cependant que lorsqu'il mettait en images ses propres histoires. Tant au niveau de l'écriture que du dessin, sa sensibilité, sa générosité et sa truculence s'exprimaient alors avec une spontanéité rare. L'année 1979 marqua sur ce plan une très importante étape dans sa carrière. C'est alors qu'il créa en solo pour le journal «Tintin» le fameux personnage de «Lester Cockney». Anticonformiste et rebelle à toutes formes d'autorité, cet Irlandais enrôlé de force dans l'armée britannique se retrouvera impliqué dans les conflits coloniaux du 19e siècle et vivra de tumultueuses aventures. Il publia quelques ouvrages comme «Bruxelles, 1000 ans d'épopée» (sc.: Y. Duval – Casterman 1979) et «1830, la Révolution belge» (sc. : J.-L. Vernal – Le Lombard 1980).
Passionné d'équitation et jockey à ses heures, Franz dessinait des chevaux dans tous ses albums. Il en fit en outre les héros de deux histoires : «Captain Tom» (Ed. des Archers 1984) et «Pur-Sang» (Le Lombard 1985). Doté d'une capacité de travail phénoménale, il mit parallèlement en images la série «Thomas Noland» scénarisée par D. Pecqueur (5 albums Dargaud 1982).
Nanti d'une imagination débordante, Franz avait aussi écrit pour les dessinateurs J.-L. Pesch («Les Primeurs» 1983), C. Denayer («Gord» 1986), Eric («Les Perdus de l'Empire» 1990), Jarby («Sandy Eastern» 1992). Avec le scénariste J. Annestay, il avait par ailleurs réalisé une superbe adaptation de «Hannah», le best-seller de P.-L. Sulitzer (Dupuis).
Les femmes faisaient partie des thèmes d'inspiration favoris de Franz. Il leur rendit de chaleureux hommages au travers des compagnes des héros dont il retraçait les aventures, au travers surtout du personnage central de la série «Poupée d'Ivoire» (Glénat) et de l'héroïne du western «Wyoming Doll» (Dargaud).
Dans les années 1990, après avoir entrepris la chronique de «Brougue», une ville déchirée entre l'art et la barbarie (Ed. Soleil), Franz avait décidé de publier deux envoûtantes ballades qui révèleraient ce qu'avaient été l'enfance et l'adolescence de son héros culte « Lester Cockney ». Il en résulta deux splendides ouvrages, «Irish Melody» (1994) et «Shamrock Song» (1996), qui comptent maintenant parmi les fleurons de la prestigieuse collection «Signé» du Lombard.
En octobre 2002, Franz avait publié le second tome d'une série historique dont il était le scénariste et le dessinateur : «Compagnons de Fortune» (Delcourt). Il avait aussi mis en images le dernier tome de la série «Le Décalogue» écrite par F. Giroud : «La dernière Sourate» (Glénat).
Franz était resté particulièrement attaché au personnage de «Lester Cockney» qui avait fait de lui un créateur à part entière et un auteur à succès. Depuis près de deux ans, il travaillait à la suite de ses aventures avec deux nouveaux épisodes, et préparait la réédition des précédents tomes. Après avoir triomphé de nombreux périls en Europe et en Asie, son impétueux Irlandais allait explorer de nouveaux espaces de liberté… en Amérique !
Avec la disparition de Franz, la bande dessinée franco-belge réaliste perd non seulement un dessinateur et un narrateur hyper-doué, mais également l'un de ses principaux représentants.
Lors du festival BD de Vaison-la-Romaine (F) 2003, un hommage tout particulier lui a été rendu : le Prix Spécial du Festival lui a été décerné, ainsi qu'à Gabrielle Horvath, son épouse et coloriste, pour l'ensemble de son oeuvre.
Photographie © Le Lombard / D.R